Leçons de linguistique de Gustave Guillaume. Tome 19, 1939-1940: Théorie des parties du discours
Parution: 08 juin 2009
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Nb. de pages:
302
Description
Publiées sous la direction de Ronald Lowe
Les langues, au premier examen, quand on en aborde l’étude en vue d’en concevoir la systématique, laissent, chacune et toutes, une impression de multiplicité, de complication sans fin. Puis, à la longue, un regard attentif surprend sous cette complication qui paraît infinie, une sorte de simplicité, elle aussi infinie en ce sens qu’on la devine, qu’on la pressent, qu’on l’entrevoit sans pouvoir la saisir à plein, d’une manière ferme. Car lorsqu’on croit avoir atteint le simple, aussitôt, par un certain renouvellement de pensée, le plus simple encore se découvre. Et cette marche à la simplicité ne se fait pas sans bien des détours. Ce n’est pas un cheminement aisé. C’est par des voies sinueuses et compliquées que de la multiplicité des conséquences visibles, le linguiste remonte à l’unité fondamentale des conditions, on pourrait presque dire, de la condition. Car tout ce qui se voit dans les langues, tout, absolument tout procède, en toute dernière analyse, de la double sollicitation à laquelle l’esprit humain est incessamment soumis, et qui lui vient par un côté, de l’universel, par l’autre côté, du singulier.
Un être linguistique, quel qu’il soit, est toujours, par toutes les faces de lui-même, le résultat d’un équilibre qui s’est établi dans la pensée entre la propension à particulariser et la propension à généraliser… Le même double mouvement, si nettement saisissable quand il s’agit de la signification comparée de deux sémantèmes, se retrouve dans le plan formel. Le mot est, conceptuellement, dans la langue, avant tout emploi, plus extensif et moins compréhensif que n’importe lequel de ses emplois… Plus généralement encore, tout ce qui ressortit à la grammaticalisation du mot – et, qu’on le remarque bien, toute langue est appelée à grammaticaliser le mot, le mot ne pouvant entrer systématiquement, organiquement en phrase que par son côté grammatical – tout ce qui ressortit à la grammaticalisation du mot consiste à prendre une position de définition du mot entre le singulier et l’universel. De même que pour la sémantèse du mot, toutes positions peuvent être occupées entre l’universel et le singulier, de même, pour la grammaticalisation du mot, toutes positions peuvent aussi être occupées entre l’universel et le singulier.
(Extrait de la leçon du 4 avril 1940)
(G. Guillaume)
Les langues, au premier examen, quand on en aborde l’étude en vue d’en concevoir la systématique, laissent, chacune et toutes, une impression de multiplicité, de complication sans fin. Puis, à la longue, un regard attentif surprend sous cette complication qui paraît infinie, une sorte de simplicité, elle aussi infinie en ce sens qu’on la devine, qu’on la pressent, qu’on l’entrevoit sans pouvoir la saisir à plein, d’une manière ferme. Car lorsqu’on croit avoir atteint le simple, aussitôt, par un certain renouvellement de pensée, le plus simple encore se découvre. Et cette marche à la simplicité ne se fait pas sans bien des détours. Ce n’est pas un cheminement aisé. C’est par des voies sinueuses et compliquées que de la multiplicité des conséquences visibles, le linguiste remonte à l’unité fondamentale des conditions, on pourrait presque dire, de la condition. Car tout ce qui se voit dans les langues, tout, absolument tout procède, en toute dernière analyse, de la double sollicitation à laquelle l’esprit humain est incessamment soumis, et qui lui vient par un côté, de l’universel, par l’autre côté, du singulier.
Un être linguistique, quel qu’il soit, est toujours, par toutes les faces de lui-même, le résultat d’un équilibre qui s’est établi dans la pensée entre la propension à particulariser et la propension à généraliser… Le même double mouvement, si nettement saisissable quand il s’agit de la signification comparée de deux sémantèmes, se retrouve dans le plan formel. Le mot est, conceptuellement, dans la langue, avant tout emploi, plus extensif et moins compréhensif que n’importe lequel de ses emplois… Plus généralement encore, tout ce qui ressortit à la grammaticalisation du mot – et, qu’on le remarque bien, toute langue est appelée à grammaticaliser le mot, le mot ne pouvant entrer systématiquement, organiquement en phrase que par son côté grammatical – tout ce qui ressortit à la grammaticalisation du mot consiste à prendre une position de définition du mot entre le singulier et l’universel. De même que pour la sémantèse du mot, toutes positions peuvent être occupées entre l’universel et le singulier, de même, pour la grammaticalisation du mot, toutes positions peuvent aussi être occupées entre l’universel et le singulier.
(Extrait de la leçon du 4 avril 1940)
(G. Guillaume)
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