La droite intellectuelle québécoise et la Révolution tranquille

Parution: 29 mars 2007

Description

À l’aube de la Révolution tranquille, le nationalisme traditionnel au Québec reste solide, intellectuellement et socialement. Certes, les Angers, Arès, Groulx, Minville, Richer et autres Rumilly n’occupent pas tout l’espace, que leur disputent le citélibrisme et le néo-nationalisme. Cette droite intellectuelle dispose néanmoins du soutien de deux forces appuyées en retour, malgré des réserves : l’Union nationale et l’Église catholique. Des ouvrages nombreux et lus, un réseau de journaux et de revues diffusent son idéologie, qui se rafraîchit plus qu’on ne l’a dit.
Tout s’effrite au cours des années 1960. Expliquer le déclin de la droite par la nécrose d’une idéologie dépassée, ce serait imposer une définition unique de la modernité. La droite intellectuelle avait un projet modernisateur, s’inspirant d’une doctrine tout à l’opposé de celle de ses opposants. Son dilemme des années 1960 est double. Plusieurs aboutissements nouveaux de sa doctrine, comme la radicalisation du nationalisme et l’insistance sur la mission de l’État, sont repris par ses adversaires « gauchistes » d’hier, qui les prônent avec zèle mais sans renoncer à leur propres thèses de base. Et les nouveaux clercs, emballés par Vatican II, renoncent à certaines idées éternelles de la droite. Comment réagir ? Bouder le nationalisme, dorénavant porté par un courant jugé néfaste – ou embrasser les nouveaux frères d’armes « gauchistes », au nom de la nation ? Contester une Église que l’on dit imbue de « progressisme » – ou la suivre dans son aggiornamento ? La polarisation inédite et durable entre un nationalisme de gauche, et un fédéralisme de centre et de droite, pulvérise la droite. À ces causes de fond s’ajoutent des raisons personnelles et matérielles. L’analyse intégrée de ces facteurs explique qu’un courant jadis illustré par Mgr Laflèche, Tardivel, L’Action française de Montréal ou l’École sociale populaire, se retrouve marginalisé et dispersé.

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