La Condition ouvrière au regard de la doctrine sociale de l’Église. Version inédite et originale de la Lettre pastorale de 1950

Parution: 05 juin 2007

Description

À l’été 1949, en pleine grève de l’amiante, les membres de la Commission sacerdotale produisent une lettre pastorale intitulée La Condition ouvrière… Ce texte, qui très vite circula sous le manteau, rompt radicalement avec le discours ecclésial antérieur sur la vocation agricole du Québec. Sans ménagement pour le pouvoir duplessiste en place, il se prononce en faveur d’importantes réformes dans le monde du travail : interdiction des congédiements pour activités syndicales et de la négociation de mauvaise foi, deux pratiques très fréquentes à l’époque ; révision des mécanismes de conciliation et d’arbitrage ; protection des mineurs contre les terribles maladies que sont la silicose et l’amiantose ; plein exercice du droit d’association et obtention de la sécurité syndicale, etc. Il prône également une réforme des entreprises, notamment la participation des travailleurs à la gestion et le partage des profits.
Dès sa sortie, il provoque les hauts cris des éléments conservateurs : le premier ministre Duplessis, les patrons catholiques de l’Association professionnelle des industriels, les clercs conservateurs et les tenants du corporatisme sont alors en pleine campagne pour obtenir du Vatican une condamnation de ces « idées venues d’ailleurs ». Certains évêques conservateurs, avec à leur tête le doyen de l’Assemblée épiscopale, Mgr Georges Courchesne, feront tout pour atténuer la portée de cette première version de la Lettre pastorale. Un douloureux processus de révision mènera à la publication, en 1950, d’une deuxième version du document, Problème ouvrier, version édulcorée, empreinte de moralisme et prônant un retour au corporatisme.
Document inédit, vivement combattu, La Condition ouvrière… est une pièce unique de l’histoire sociale du Québec, essentielle parce qu’elle permet de saisir pleinement que, durant cette période qu’on a qualifiée de Grande noirceur, des voix s’élevaient pour réclamer une société plus juste et un monde meilleur.
Dans la foulée de ses ouvrages précédents, Les Dessous d’Asbestos et L’Affaire silicose, l’historienne Suzanne Clavette nous donne une fois de plus accès à des documents permettant de comprendre une phase importante de notre histoire collective.

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